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Conventionnement sélectif des médecins - le point de vue du CNGE

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COMMUNIQUE DE PRESSE

DU COLLEGE NATIONAL DES GENERALISTES ENSEIGNANTS

Montreuil, le 24 octobre 2016

Conventionnement sélectif des médecins généralistes : une mauvaise idée récurrente qui aggraverait le problème démographique

Le collège national des généralistes enseignants (CNGE) est la société scientifique et universitaire regroupant tous les enseignants en charge de la formation des futurs médecins généralistes.

Pour faire face aux problèmes de la démographie médicale dans les territoires, certains élus relancent l’idée d’un conventionnement sélectif à l’installation, en voulant lier le conventionnement d’un médecin en zone dite « surdotée » au départ d’un médecin déjà installé. L’idée est que cette mesure obligerait mécaniquement à l’installation dans les zones dites « sous dotées ».

Les universitaires de médecine générale reconnaissent bien sûr à la représentation nationale la légitimité à organiser la vie de la société et, dans ce cadre, un meilleur accès aux soins. Mais l’idée du conventionnement sélectif méconnaît gravement les processus de formation et d’installation des médecins généralistes, et méconnaît de surcroît qu’il n’existe plus aujourd’hui de zone « sur dotées » pour la médecine générale.

La formation en médecine générale ne conduit pas automatiquement à son exercice. Une des raisons profondes du problème démographique est le recrutement des jeunes formés en médecine générale par les institutions, notamment par les établissements de santé, pour des modes d’exercice hospitaliers, institutionnels, voire industriels, qui les détournent de l’exercice en médecine générale.

Cette tendance structurelle pèse d’autant plus lourdement que les conditions de formation des futurs généralistes, comme leurs conditions d’exercice, ont souffert historiquement et continuent à souffrir d’une moindre reconnaissance et de conditions beaucoup plus difficiles que pour les autres disciplines médico-chirurgicales. Cette moindre reconnaissance dans la formation comme dans l’exercice contribue toujours à orienter les futurs professionnels vers d’autres spécialités et d’autres modes d’exercice que la médecine générale.

En rajoutant des contraintes géographiques très lourdes pour les jeunes médecins généralistes en fin de formation, en les contraignant à l’installation dans certaines zones où les élus n’ont parfois pas réussi à maintenir des services publics de qualité, le résultat est connu d’avance : la fuite des généralistes formés vers des modes d’exercice institutionnels et hospitaliers, aggravant la tendance qui est déjà la principale responsable du problème démographique. Ces conditions structurelles rendent pour les médecins généralistes le problème radicalement différent de celui de professions paramédicales pour lesquelles le conventionnement sélectif a permis une amélioration de la situation.

Si les élus souhaitent résoudre le problème structurel de la démographie des médecins généralistes, les trois voies pour ce faire sont connues :

- Revaloriser la formation des futurs généralistes, et développer leur formation universitaire, en poursuivant et amplifiant les réformes conduites depuis quelques années et qui ont amélioré la situation, mais qui sont encore trop récentes pour porter leurs fruits dans les territoires,

- Revaloriser les conditions d’exercice des médecins généralistes dont les missions sont de plus en plus importantes mais qui n’en ont pas la reconnaissance relativement aux autres spécialistes dans le champ professionnel,

- Lier la qualification en médecine générale et l’exercice de la spécialité en ambulatoire, et faire en sorte que les conditions statutaires soient meilleures en cas d’installation qu’en cas de remplacement provisoire.

Tous les enseignants impliqués dans la formation des futurs généralistes ne veulent pas assister à la déclinaison d’idées simplistes dont l’application aggraverait une situation qu’ils contribuent depuis des années à améliorer, et pour laquelle ils ont alerté les élus depuis des années sans avoir été entendus.

Pour le bureau du CNGE, son président

Pr Vincent Renard

Pour consulter le communiqué de presse :

http://www.cnge.fr/le_cnge/adherer_cnge_college_academique/cp_cnge_du_24_octobre_2016_conventionnement_select/